il finissait toujours par lui dire : — « La Divine Providence ne t’abandonnera pas. »
Le 12 Février, deux des messieurs du Séminaire de Saint-Sulpice vinrent nous rendre visite, sur les huit heures du soir. Ils venaient à cette heure avancée nous communiquer la nouvelle qu’ils avaient apprise, savoir : que les autorités avaient fait une commande de sept cercueils… Ils venaient surtout nous exhorter à offrir à Dieu, de bon cœur, le sacrifice d’une vie périssable, pour obtenir la faveur d’une existence éternelle de bonheur. Ces bons messieurs, demeurèrent une heure dans la prison, conversant des choses d’en haut et priant de temps à autre, puis ils prirent congé de nous en nous bénissant.
Les premiers de la liste que j’ai donnée plus haut allaient donc être exécutés, nous nous en tenions alors comme assurés, et j’étais du nombre. Je crois pouvoir dire que cette perspective me trouvait calme et résigné : en prenant les armes au mois de Novembre, je ne me faisais point d’illusion sur les dangers de toutes sortes auxquels je m’exposais, et depuis je m’étais familiarisé avec l’idée de mourir sur l’échafaud, au point que la question n’était plus pour moi qu’une question de temps.
Dans le silence de ma cellule et de la nuit, après le départ des bons prêtres, je m’entretins avec mon Dieu pendant quelques heures, puis je me couchai et dormis jusqu’au matin d’un profond et tranquille sommeil ; car tout n’est pas tristesse et terreur dans l’aspect de la mort