Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 3.djvu/18

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tels que pinacles, fleurons, les pierres qui résistent le mieux à Paris sont le banc royal de l’Oise (Saint-Maximin), le vergelé, et en général toutes les pierres poreuses et âpres. La pluie finit, à la longue, par user légèrement ces pierres tendres, mais elle ne les décompose pas, tandis que des roches compactes ou coquilleuses s’altèrent, s’effeuillent et finissent par se percer et tomber en plaquettes. Les pierres de l’Oise qui ne sont pas grasses rendent l’eau avec autant de facilité et aussi rapidement qu’elles l’absorbent ; tandis que les pierres dures la conservent, et par cela même, lorsqu’elles sont exposées à des coups d’air vif au sommet des édifices, la gelée les fait éclater.

Les pierres tendres du bassin de l’Oise ont encore une autre qualité : lorsqu’on les taille au sortir de la carrière, elles jettent leur eau : cette eau contient en dissolution une forte quantité de silicate de chaux qui se cristallise au contact de l’air et il se forme à la surface des parements fraîchement taillés une croûte dure qui, sans boucher les pores de la pierre, durcit singulièrement ses parois. Tandis que si l’on n’a pas pris cette précaution on remarque, au contraire, que les cellules de la même pierre deviennent farineuses en vieillissant et s’emplissent de poussière jaunâtre. Il est donc très important de tailler les pierres tendres de l’Oise aussitôt après leur extraction ; si l’on tarde trop, on perd l’effet conservateur de cette cristallisation, qui ne se fait qu’à la surface et qu’autant que la pierre n’a pas perdu toute son eau de carrière.

Il est encore plus important de ne pas ravaler les édifices qui sont bâtis depuis longtemps en vergelé, en Saint-Leu, en banc royal de Méry, de Saint-Maximin, de l’abbaye du Val, de Trossy, etc. Ce ravalement tardif hâtera, la décomposition de ces pierres qui sont mortes à l’intérieur, comme disent les tailleurs de pierre picards. De même quelques pierres dures se décomposent aussi plus facilement lorsqu’on les retaille longtemps après leur emploi : le liais, le cliquart ne retrouvent jamais la croûte métallique de leur premier parement. On peut donc affirmer en principe général que c’est hâter la décomposition des vieux parements que de les retailler.

Ainsi, la Commission du Vieux Paris ne pouvait mieux faire que de s’inspirer du souci de Colbert quant à la conservation de nos monuments ; il résulte, en effet, un enseignement vraiment précieux du procès-verbal de l’enquête qu’il ordonna à cet égard. Indiquer le sort des édifices, l’état présent des uns, le lieu où se sont réfugiés les débris des autres, nous parait un complément d’inventaire suffisant, aujourd’hui que les compilations et les redites ont fait leur temps.

Signé : Charles Sellier. »

M. le Président remercie, au nom de la Commission, M. Ch. Sellier de l’analyse si complète et si intéressante dont il a bien voulu se charger, puis il rend compte des travaux et des projets de vœux élaborés par les sous-commissions :

1re Sous-commission.

Communication de la liste des monuments historiques classés du département de la Seine.

Arcueil, maison de la Renaissance.

Bagneux, église.

Boulogne, église.

Charenton, pavillon d’Antoine de Navarre (aujourd’hui hôtel de ville).

Nogent-sur-Marne, clocher de l’église.

Paris :

Arc de triomphe du Carrousel (P. E.).

Cathédrale Notre-Dame.

Chapelle de l’ancien collège de Beauvais.

Cloître des Carmes-Billettes.

Colonne de l’ancien hôtel de Soissons.

Église Saint-Étienne-du-Mont.

Église Saint-Eustache.

Église Saint-Germain-l’Auxerrois.

Église Saint-Germain-des-Prés.

Église Saint-Germain-de-Charonne.

Église Saint-Gervais.

Église Saint Julien-le-Pauvre.

Église Saint-Merry.

Église Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

Église Saint-Nicolas-des-Champs.

Église Saint-Paul-Saint-Louis.

Église Saint-Pierre-de-Montmartre.

Église Saint-Séverin et ancien charnier.

Église de la Sorbonne.

Église de la Visitation.

Église, réfectoire et restes de l’enceinte de l’ancien prieuré de Saint-Martin-des-Champs (au Conservatoire des arts et métiers) (P. E.).

Façade du château d’Anet à l’École des beaux-arts (P. E.).

Façades du ministère