Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 3.djvu/22

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M. le Président propose à la Commission de prendre une délibération conforme aux considérations émises dans ce rapport et d’inviter M. le Préfet à faire les démarches nécessaires auprès de M. le Ministre de la Justice et des Cultes pour obtenir la cession, pour le musée Carnavalet, d’un certain nombre des morceaux artistiques déposés au pied même de l’abside de Notre-Dame, dont le rôle a été si considérable dans l’histoire de notre capitale.

Il ajoute que ces fragments seraient choisis d’un commun accord entre le conservateur du musée Carnavalet, assisté de notre collègue M. Formigé, et l’éminent architecte M. Selmersheim.

Des moulages exécutés par les soins de la Ville de Paris seraient mis à la disposition des écoles de dessin de la Ville.

Ces propositions sont adoptées.

M. le Président rend compte des excursions faites par la 1re Sous-commission pendant le mois dernier :

Le 19 mars : Visite de l’hôtel dit de Lebrun, 59, rue du Cardinal-Lemoine.

Une vue de cet hôtel sera demandée à la 3e Sous-commission.

Rue d’Arras, 9. — Mur de l’enceinte de Philippe-Auguste, d’une belle conservation. La lettre de M. Noviant, dont il a été donné connaissance à la lecture de la correspondance, contient des données intéressantes sur ce vestige.

Rue des Chantiers, 7 (Cercle des ouvriers maçons et tailleurs de pierre). — Une plaque de marbre très intéressante est signalée à la 3e Sous-commission pour la reproduction. Elle contient l’indication d’une portion de l’enceinte de Philippe-Auguste, avec deux tourelles, et, de ce fait, constitue un document utile.

L’on voit encore deux corbeaux en pierre soutenant un auvent, qui proviennent des tourelles.

Ce 30 mars, après la visite des pierres provenant des réparations de Notre-Dame, la 1re Sous-commission a visité le bâtiment encore existant de l’ancien Hôtel-Dieu. Tout d’abord l’ancienne salle des morts, voûtée, d’un aspect des plus lugubres, avec ses murs noirs, maintenant qu’elle sert de magasin de cercueils. Cette salle était au rez-de-chaussée avant l’exhaussement du sol de la rue de la Bûcherie, causé par la construction du quai.

L’on voit encore les grilles en fer qui y donnaient accès. Aujourd’hui elle surmonte un sous-sol, muré complètement, qui ne prend air que par un très curieux soupirail pris dans une marche séparant cette salle des morts en deux, dans le sens de la largeur.

Une légende, qui ne s’appuie sur aucun fait historique, dit que ce sous-sol recevait dans leur dernier voyage les condamnés que l’on conduisait à la place de Grève, pour y entendre la messe. Autrefois, au fond de cette salle des morts, il existait un vieil autel en bois, orné de flambeaux également en bois. Il ne reste plus qu’un cadre avec un christ en bois sculpté que la Commission signale afin d’en obtenir, de l’Administration de l’Assistance publique, le don à l’hôtel Carnavalet.

Au-dessus de la vieille salle des morts se trouve la salle dite des bienfaiteurs, contenant les statues en plâtre de saint Landry, saint Louis et Henri IV.

De grands cadres menacés de destruction contiennent les noms des généreux bienfaiteurs de l’Hôtel-Dieu et les ordonnances ayant attribué des droits à cet hôpital.

Un tableau contient la poésie célèbre que Gilbert aurait écrite sur son lit de souffrance à l’Hôtel-Dieu huit jours avant sa mort.

Saint-Julien-le-Pauvre. — Ce monument est en bon état d’entretien. Dans la cour du 14 de la rue Saint-Julien-le-Pauvre, et appartenant à l’Administration de l’Assistance publique, se trouvent la margelle et la grille curieuse d’un vieux puits comblé. La Commission décide de solliciter le don de ces curieux vestiges au musée Carnavalet.

Rue Galande, 50 et 46. — Curieuses cages d’escalier triangulaires, signalées à la 3e Sous-commission pour reproduction.

Rue Galande, 42. — Maison de reconstruction récente, sur la façade de laquelle se voit la vieille enseigne en ronde bosse dite « de Saint-Julien-le-Pauvre ».

Rue Galande, 57. — Dans la première cour, bâtiment à droite, très curieuses fenêtres biaises d’un bel ouvrage de menuiserie. L’escalier en fer forgé est remarquable.

Au 2e étage subsiste un appartement Louis XIV, caractérisé par une cheminée de marbre et une alcôve et les plaques de cheminée fin Louis XIII.

D’une fenêtre de cet appartement l’on aperçoit le derrière d’une intéressante maison