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gnée sous l’appellation, assez commune dans ces parages, de Maison de la reine Blanche, dans laquelle est installée la tannerie de MM. Seignobos et Cie, rue des Gobelins, 17. Ce vaste établissement est remarquable à tous égards ; les anciennes salles de dimensions énormes, dans lesquelles tournent actuellement les machines puissantes, retiennent aussi bien l’attention que les escaliers tournants à noyaux moulurés, les portes à cintres surbaissés, les baies en pleine ogive et les vieilles toitures mansardées.

Des procédés de reproduction appropriés spécialement devront évidemment être employés pour conserver de cette intéressante construction un souvenir bien vivant.

Il semble qu’il y aurait lieu de faire exécuter une maquette par un décorateur de théâtre.

Tout à côté, au no  19, la maison voisine a gardé également des vestiges d’ancienne splendeur ; l’on y trouve un bâtiment en forme de tour carrée dont la porte est surmontée d’une accolade intéressante ; les fenêtres à meneaux ont été conservées.

Le pittoresque est partout dans ce quartier Croulebarbe ; lorsque l’on sort de la vieille tannerie, juchée sur un revers de talus bordant la Bièvre, rue Corvisart, 54, l’on rencontre au milieu d’une végétation luxuriante d’herbes folles un ancien pavillon, presque abandonné, entouré de masures en ruines de l’aspect le plus singulier.

Ce pavillon, appelé maison du Clos Payen, a été construit en 1762 par Peyre.

Il y aurait lieu de prendre une vue photographique de cette maison, dont l’entrée se trouve boulevard d’Italie, 68.

La Sous-commission a été conduite dans cette excursion par M. Guiffrey ; M. Lemaître, conducteur des travaux, avec beaucoup d’amabilité, a facilité l’accès des divers tronçons de la Bièvre, séparés sans cesse par les voies publiques.

L’on a visité ensuite la vieille maison du no  3 de la rue des Gobelins, très réparée, — trop peut-être au gré des amis des anciens souvenirs ; — l’on y remarque un joli couronnement de porte d’entrée, un escalier Louis XV, très bien traité, avec balustres en bois et départ sculpté en plein bois ; une ancienne galerie, dont les colonnes et les piliers sont encore visibles, atteste l’importance que devait avoir l’édifice.

Dans la ruelle des Gobelins, no  7, existe un curieux pavillon de l’époque de la Régence, dont la destination ancienne n’est pas connue, il présente de très jolis couronnements de portes dont la pureté de dessin a été remarquée.

Sous les indications de M. J. Périn, la Sous-commission s’est rendue derrière l’église Saint-Médard, sur l’emplacement de la sépulture du diacre Pâris, si célèbre par le mouvement populaire qu’occasionnèrent les convulsionnaires.

Le lieu précis de cette sépulture a été indiqué par M. Périn, dans la petite cour donnant rue Candolle, dans l’axe même du chevet de l’église Saint-Médard.

La porte du petit cimetière de Saint-Médard, sur la rue Daubenton, 41, est d’une architecture très particulière, dont il serait bon de conserver une vue. Il n’existe plus aucune trace du cimetière ancien.

Enfin, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 5, l’ancien pavillon de surveillance du Marché aux chevaux, actuellement occupé par un commissariat de police et qui est d’une architecture intéressante, a été trouvé en parfait état de conservation et d’entretien.


M. Guiffrey donne connaissance de la note suivante qu’il a préparée au sujet de la Maison dite de la Reine-Blanche :

« L’immeuble connu sous le nom de Maison de la Reine-Blanche et situé rue des Gobelins, autrefois rue de Bièvre, forme aujourd’hui deux immeubles distincts qui ont reçu les nos 17 et 19. Il est évident qu’ils étaient réunis jadis ; les constructions anciennes sont de la même date : fin du xve ou commencement du xvie siècle.

Au no  19, un corps de bâtiment donnant sur la rue avec hautes et larges fenêtres coupées de croisillons en pierre à moulures accentuées. La porte elle-même a conservé des saillies extérieures très prononcées. Au corps de bâtiment principal est appliqué par derrière un escalier à vis, en pierre, formant tourelle, dont la porte est surmontée d’une fausse arcature de style flamboyant ; cet escalier donne accès aux caves. Il existe encore deux étages superposés de caves assez spacieuses, d’une construction très solide, offrant certaines particularités notables, il nous a été assuré que sous les d’eux étages des caves actuelles en existait jadis une troisième, aujourd’hui, comblée. Le sol inférieur se trouvait donc bien au-dessous du lit de la Bièvre.

Au no  17, qui n’a maintenant qu’une entrée