Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 5.djvu/33

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ration, ainsi que pour le rapport qui l’accompagne.

Adopté.


M. Charles Sellier donne lecture du rapport suivant :

« Rapport présenté par M. Charles Sellier, au nom de la 2e Sous-commission, relativement aux découvertes faites dans les fouilles exécutées par le service de la Voie publique et le chemin de fer d’Orléans depuis le 1er mai 1898.
Messieurs,

Le 14 mai dernier, lors des fouilles exécutées rue Saint-Martin pour l’établissement d’une conduite de gaz, on a mis à découvert, vis-à-vis le no  90 de cette rue, un ancien puits de 0 m. 60 c. de diamètre, dont le centre se trouve situé à 1 m. 30 c. de l’alignement des maisons et à autant de distance de l’axe de la mitoyenneté des nos 90 et 92. Ce puits accédait à des caves qui dépendaient du no  90 et qui s’avançaient jusque sous la rue, où elles sont à présent remblayées. Ce n’était donc pas un puits à eau, mais bien plutôt une sorte de regard desservant ces caves. Son orifice était recouvert d’une dalle et se trouvait à 0 m. 90 c. au-dessous du sol actuel.

Au no  86, nous avons pu constater que les caves s’avançaient encore en partie sous la rue, et cela sur deux étages. Vers le no  84 on a trouvé dans les remblais, juste au-dessous du pavage, quelques débris de pierres moulurées, dont l’une porte encore quelques traces de feuillage sculpté dans le style du xve siècle. Ces débris sont tellement informes et mutilés qu’ils semblent ne plus présenter aucun intérêt. Néanmoins, ils ont été envoyés au musée Carnavalet. Ils proviennent probablement de quelques travaux de réparation exécutés à l’église Saint-Merri, qui est à proximité. Ces découvertes ont été signalées à M. le Conservateur du musée Carnavalet par M. Saint-Paul, conducteur des travaux.

Par lettre du 26 mai, M. Masson, conducteur des travaux du même service, a informé M. le docteur Alfred Lamouroux qu’en avril dernier, au cours des fouilles faites pour la construction de resserres souterraines, place du Théâtre-Français, entre l’une des fontaines monumentales et la Compagnie générale des Petites-Voitures, on a trouvé une médaille en cuivre, que M. Masson a joint à sa lettre.

Cette médaille, de 0 m. 027 m. de module, présente, sur l’une de ses faces, les armes royales de France entourées de cette exergue : Timor Domini initium sapientioe ; sur l’autre face on devine plutôt qu’on ne distingue un démon terrassé par un ange avec ces mots : Vehem ignitium eloquium tuum. Cette médaille n’est autre chose qu’une sorte de jeton banal du règne de Charles IX.

Le 31 mai, en exécutant la tranchée nécessaire à l’établissement d’un égout rue Caron, a rencontré, entre les nos 7 et 8 de cette rue, un puits de 1 m. 20 c. de diamètre en pierres de taille, où, transversalement par rapport à la rue, aboutissent deux galeries, aussi en pierres de taille, voûtées de 0 m. 85 c. de largeur, lesquelles se trouvent murées à l’aplomb des façades desdits nos 7 et 8. Le puits, recouvert d’une grosse pierre, était muni d’une poulie en fer qui a été déposée au bureau de M. Geng, le conducteur des travaux. Après examen rapide, on reconnut facilement que la construction du puits et des galeries datent du xviie siècle. Ils faisaient assurément partie des parties souterraines des bâtiments conventuels du prieuré de Sainte-Catherine. En 1767, les chanoines de ce monastère, sous l’administration de leur prieur Jarente, ayant été s’installer dans l’ancienne maison professe des Jésuites de la rue Saint-Antoine, leur ancien couvent fut abandonné, puis démoli en 1782. Sur son emplacement on ouvrit ensuite les rues Caron, de Jarente, d’Ormesson et Necker, et l’on construisit le petit marché Sainte-Catherine, dont les petites bâtisses subsistent encore. L’architecte Caron, l’auteur de la petite fontaine qu’on voit encore tout près de là, au fond de l’impasse de la Poissonnerie, fut l’ordonnateur de cette transformation.

En descendant la rue Caron, à quelques mètres avant d’arriver à la rue d’Ormesson, on a rencontré quelques ossements humains, dont on a rempli deux sacs à ciment pour être transportés aux Catacombes. Quelques traces de cercueils en plâtre et des débris de vases funéraires à flammules rouges ont été trouvés au même point. Les vases contenaient encore quelques restes de charbon et portaient des traces de fumée. Il nous parait certain que ces vestiges remontent au xiiie siècle, époque de la fondation du monastère de Sainte-Catherine.

Les fouilles en souterrain exécutées jusqu’à ce jour pour le transfert de la gare d’Orléans, de la place Valhubert au quai d’Orsay, n’ont encore amené que peu de résultats comme découvertes archéologiques. Il faut cependant signaler la rencontre, vers l’axe prolongé de la chaussée du pont de Sully, d’une galerie voûtée, assez vaste, de