Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 7.djvu/13

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volé la cuvette de distribution desdites religieuses ainsi que plusieurs tuyaux en plomb ; en continuant sa visite dans d’autres regards, il trouva que l’on avait essayé de forcer sans pouvoir y parvenir la serrure du regard de Belleville où se fait la prise des eaux. » (12 juin 1691.)

Il n’est pas surprenant que les tentatives d’effraction aient échoué, car les serrures des regards sont, dans leur genre, de véritables monuments ; celle du regard de la Roquette est munie d’un secret commandant le mouvement d’une plaque de recouvrement de l’entrée. Cette serrure ferait bonne figure au musée Carnavalet avec son énorme clef.

Au-dessus de l’arrivée d’eau se trouve un écusson portant une croix cantonnée de quatre soleils d’ombre et entouré du collier de saint Michel. Cet écusson a dû être déplacé vraisemblablement à l’occasion de réparations, car le saint Michel qui se trouve habituellement à la partie inférieure du collier n’existe pas ici : une pierre absolument unie en occupe l’emplacement.

Il n’arrive qu’un mince filet d’eau, qui s’écoule dans l’égout de la rue de la Mare. L’on a trouvé au cours de la visite, dans un coin du regard, un tuyau de poterie très ancien, presque complètement obstrué par le dépôt de l’eau séléniteuse qui y passait.

Du regard de la Roquette, la délégation s’est rendue aux Cascades, dont l’entrée se trouve au droit du no 84 de la rue des Cascades. L’édicule qui servait d’entrée autrefois a été dérasé ; la descente a lieu par une trappe d’égout placée à même le trottoir.

Il ne coule plus une goutte d’eau dans cet important ouvrage qui recevait autrefois le produit de tous les affluents de gauche de l’aqueduc, de beaucoup les plus productifs. Mais le travail de construction est des plus intéressants.

L’on voit une jolie cascade composée de douze degrés et d’une longueur de dix mètres, sur laquelle s’écoulait autrefois l’eau débouchant de pierrées et de conduites installées sur des pentes assez fortes qui lui donnaient une grande rapidité de course.

La cascade, la chambre intermédiaire et l’acqueduc sont dans un état parfait ; si la descente en était rendue plus abordable, cet ouvrage aurait certainement la visite des curieux et des amateurs des souvenirs intéressants de la ville de Paris. En l’état actuel, il n’y a besoin d’aucune réparation ; l’on ne peut que souhaiter la préservation de toute dégradation ou transformation voulue.

La visite a continué par les regards du groupe du Chaudron.

Le Chaudron, rue de Palestine, 2, est une construction robuste, d’un aspect des plus pittoresques au milieu d’un jardin dans lequel il est enclavé.

Sa face antérieure porte un écusson très fruste où l’on distingue à peine quelques vestiges permettant de croire que les armes de la Ville y étaient représentées.

L’on a pensé qu’un moulage soigneusement pris permettrait d’identifier cet ancien ouvrage.

Ce regard reçoit encore le mince filet d’eau des Marais. Ce dernier regard, situé rue des Solitaires no 41, offre ceci de particulier qu’il est presque entièrement enfoui dans le sol, la toiture émergeant seule. Le système de couverture est différent de celui des autres regards, il est formé de larges dalles et son état est très bon.

La serrure de la porte d’entrée, semblable à celle des autres regards, ne fonctionne plus régulièrement, il y aurait lieu de la remplacer et de la déposer au musée Carnavalet.

Enfin le regard Lecouteux est enclavé dans les substructions d’un immeuble récemment construit. Il faut entrer dans les caves de la maison pour parvenir aux restes de l’ancien édicule, qui n’offre rien de particulier si ce n’est sa toiture en anse de panier d’un travail intéressant.

Enfin, la visite des regards s’est terminée à la Lanterne, rue de Belleville, 231. Il ne s’agit plus là d’un regard ordinaire, mais d’un véritable monument qui mérite que des soins particuliers de conservation lui soient appliqués. Autrefois placé au milieu d’un jardin, ce regard se trouve relégué dans le fond d’une vaste cour, enfermé par une vieille palissade de planches. Les mauvaises herbes croissent en liberté aux alentours, et les anneaux auxquels les échevins attachaient leurs montures à l’occasion des visites annuelles qu’ils étaient tenus de faire à l’aqueduc servent à retenir des cordes d’étendage de linge.

L’édifice est une sorte de puits surmonté d’une puissante coupole couronnée d’une lanterne. La hauteur entre le radier et la clef de voûte est de 8 m. 80 c., le diamètre est de 4 m. 70.