Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/255

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tution corporelle, dont ils scrutent la formation, et qu’ils rattachent à tout ce qui l’environne.

Deux systèmes se produisent au milieu de toutes ces tentatives individuelles : dans l’un, la nature passe par des variations insensiblement graduées jusqu’à l’infini, et enchaîne généalogiquement les existences particulières, en transformant et en spiritualisant, pour ainsi dire, la matière brute. Dans l’autre, il y a échelonnement et subordination des existences ; et l’homme est placé au faîte de l’édifice pour résumer en lui-même la nature entière. Ce double système dont il suffit de constater l’existence a eu des représentants jusqu’à nos jours.

Par son agrégat matériel, l’homme fait partie du règne inorganique ; par sa vie physiologique, il se lie avec la plante et l’animal, offrant et réunissant en lui les trois règnes de la nature. Mais est-ce là tout ? Ne retrouvons-nous pas en l’homme une troisième vie, morale et intellectuelle, aussi évidente, aussi certaine, aussi palpable que les deux autres ? Cette vie le distingue du reste de la nature, le place au-dessus de tous les êtres créés, car elle est un don particulier de Dieu qui, ne se contentant pas de faire l’homme à son image, lui donna, dit la Genèse, un souffle de vie.

Il y a dans la nature deux espèces de corps : les corps bruts et les corps organisés. Les lois qui régissent les premiers sont solidaires, étroitement unies par une dépendance constante ; elles sont certaines, infaillibles, simples, de sorte qu’il est possible de trouver avec précision leur enchaînement et leur mesure. Des lois existent pour les corps animés, mais elles échappent souvent à nos regards : elles n’ont ni certitude apparente, ni proportionalité dans les rapports, ni constance. Elles paraissent violées à chaque instant, et lorsque nous croyons avoir enfin, par une série d’observations, obtenu un résultat, nous nous trouvons rejetés dans l’incertitude, et abandonnés à de nouvelles suppositions.