Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/259

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humain : elles exercent les unes sur les autres, une influence qui n’est pas toujours sensible au premier abord, mais qu’il n’est pas permis de méconnaître. Cette influence a des degrés divers, elle produit des résultats différents.

Les langues modernes, grâce à la facilité des communications, se mêlent de plus en plus, et multiplient leurs emprunts réciproques. Qu’y gagnent-elles ? Leurs traits distinctifs s’effacent peu à peu, leur génie s’affaiblit, et il est fort à craindre que, sans pouvoir jamais former une même langue étendue à plusieurs peuples, elles ne deviennent infidèles aux principes qui les constituaient fondamentalement. Ce sera la confusion, et l’on sait tout ce qu’elle apporte avec elle.

Il y a une autre comparaison dont les effets sont bienfaisants. C’est celle qui rapproche les langues modernes du latin et du grec, qui ont exercé une influence sur leur formation, et contribué à leur développement. On n’a pas à craindre et à éviter, dans ce cas, la fusion des éléments, parce que, par leur nature même, ces deux langues se prêtent à toutes les transformations, et entrent sans effort, dans toutes les combinaisons qui peuvent enrichir un idiome sans compromettre son intégrité. Il semble, quels que soient d’ailleurs les principes constitutifs des langues modernes, qu’elles aient toutes une étroite parenté avec le langage des maîtres du monde, et qu’elles soient heureuses de recevoir, ses mots, ses tournures, ses locutions, et quelque chose de son génie.

Aussi, l’étude simultanée, dans nos maisons d’éducation, du français, du latin et du grec, amène-t-elle des résultats qu’on ne peut contester.

Le développement intellectuel est plus rapide et plus sûr, par cette comparaison continuelle entre deux langues dont les principes sont positifs, nettement formulés, consacrés par de glorieux exemples, et notre langue nationale, qui n’a rien à leur envier, que leur gloire dans