Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/151

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faisant pour l’âme, devaient rester renfermés dans ce cercle par une barrière infranchissable.

Telles ont été les castes sacerdotales de la plupart de peuples de l’Asie, celles de quelques nations Germaniques septentrionales, et en particulier celles de la Gaule.

L’Inde les conserve encore ; et c’est là ce qui lui donne une physionomie inaltérable, malgré les siècles et les vicissitudes de la fortune. La Chine nous les offre aujourd’hui, avec des caractères différents sans doute, et sous des apparences d’accès facile, mais, dans des conditions générales qui permettent de signaler le même fait et de tirer les mêmes conséquences.

En dehors de l’idée chrétienne, il ne peut pas en être autrement, et les études littéraires viennent aussi, comme toutes les autres manifestations de l’esprit humain, apporter un témoignage éclatant et authentique à cette affirmation.

À mesure que les hommes s’éloignaient de ce point de départ d’où venait pour eux la lumière de la vérité, les notions primitives s’affaiblissaient. Il ne subsista plus bientôt dans le monde, que des vérités tronquées, qui, dès-lors n’étaient plus des vérités, car la vérité est une et complète de sa nature. Des rapports forcés et faux s’établirent ; des déductions imparfaites et stériles de principes parfaits et féconds s’accréditèrent. « La vérité est toujours ancienne, a dit M. Bonald, et rien ne commence dans le monde que l’erreur. » Or les hommes allaient de tentative en tentative ; à la recherche d’un idéal qui les sollicitait. Ils consumaient dans des efforts isolés et trop souvent contraires, cette énergie des premiers ans, qui a besoin d’être contenue pour être utile, d’être dirigée pour devenir féconde. Ils vivaient le plus souvent, sous un pouvoir qui ne connaissait pas la dignité de l’homme, et ne pouvait pas la respecter. Nul lien, excepté celui d’un asservissement commun, quelque-