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l’homme par l’alcool concentré. Cependant les symptômes, les lésions organiques et les désordres que l’on observe à la suite de l’ingestion de ce liquide, diffèrent essentiellement de ceux que l’on remarque dans le cas d’empoisonnement par l’alcool plus ou moins affaibli, surtout si le sujet de l’observation est très-jeune, comme dans le cas observé par M. Bénazech. Il peut arriver que divers symptômes manquent, et que les lésions anatomiques qu’on s’attendait à trouver fassent défaut. La mort peut être très rapide ; elle peut avoir lieu dans l’espace de quelques minutes, de quelques secondes : elle peut être instantanée. Dans ces circonstances, on n’observera pas les phénomènes ordinaires d’excitation, de coma, d’insensibilité. Entre l’ingestion du poison et la mort, il ne se produira qu’un mouvement convulsif général, aussitôt suivi de la cessation complète de toutes les fonctions vitales. Les pupilles seront bien plus dilatées que dans la mort naturelle.

Les lésions organiques diffèreront essentiellement de celles que produisent généralement les boissons spiritueuses prises en excès. On ne découvrira aucune lésion dans le cerveau et ses enveloppes. Mais si l’on ne trouve pas même de trace de congestion cérébrale, par contre les organes de la circulation et de la respiration seront le siége d’une stase sanguine aussi intense que dans l’asphyxie.

Le tube digestif présentera des lésions caractéristiques. On les retrouvera toujours chez les animaux que l’on aura fait périr par l’alcool concentré.

Ces lésions sont au nombre de trois :

1° Une teinte bleue ardoisée de la base de la langue, devenant de moins en moins foncée vers la pointe ;

2° Une désorganisation partielle de l’estomac occupant toujours le cardia et le grand cul-de-sac ;