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richard wagner et la france

pour la troisième fois chercher fortune à Paris, où il séjourne de 1859 à la fin de 1861. On connaît par le menu tous les incidents qui précédèrent et accompagnèrent les trois fameuses représentations de mars 1801. Au cours des longues et innombrables répétitions, le compositeur-poète, enchanté de tout ce qu’on faisait pour lui à l’Opéra, exprimait sa profonde et complète satisfaction à son ami de Zurich, Otto Wesendonck :

… À présent, des nouvelles agréables ! écrit-il le 20 octobre 1860. On répète à l’Opéra Tannhäuser avec un zèle, un sérieux, une minutie et des soins qui m’ont toujours paru le modèle désirable d’une pareille étude et que je n’ai jamais espéré pouvoir rencontrer. Dans aucun théâtre, je n’ai encore trouvé une ponctualité pareille et des soins si minutieux consacrés à chaque détail : mon chanteur allemand, Niemann, ouvre tout grand les yeux et avoue qu’il ne connaît qu’à présent son rôle bien à fond. Outre la supériorité extraordinaire de toutes les institutions de l’Opéra, je dois louer tout particulièrement l’extraordinaire capacité personnelle des chefs de service ; le directeur du chant, surtout, qui étudie au piano les rôles avec les solistes est absolument inestimable. Tout le côté technique des études est réglé avec une exactitude et une netteté incomparables ; les moindres aspérités des paroles, etc., sont immédiatement aplanies, car le traducteur est toujours présent, de sorte qu’il ne me reste plus qu’à appliquer mon esprit à l’ensemble de l’œuvre, qui est parfait au point de vue technique. Je déclare hautement que je n’ai encore jamais été à pareille fête, et qu’en Allemagne cela ne m’arrivera certainement jamais. Cela s’applique à toutes les parties de la représentation en préparation ; les décors et tout ce qui se rattache à la mise en scène atteindront complètement à l’idéal de mes désirs. Avec cela, je trouve chez chacun et chez tous un bon vouloir si parfait, une application tellement inconnue,