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richard wagner et la france


Dansons ! Chantons !
Mirliton ! mirliton !
C’est le génie de la France,
Qui veut qu’on chante et qu’on danse ![1]


En somme, Wagner ne fait ici que mettre en action les critiques qu’il adressait naguère, dans ses écrits théoriques ou polémiques, à notre ancien opéra.

Quant à la parodie de Victor Hugo, qui paraît surtout visé, on ne sait trop pourquoi, dans Une Capitulation, il suffit pour se l’expliquer, de se rappeler de quels sarcasmes le grand poète fut l’objet, à la fin de l’Empire et dans les premières années de la République. Wagner, là comme dans d’autres passages de sa « comédie antique », ne faisait guère que s’inspirer des journaux comiques de l’époque, paraphrasant les « blagues bien parisiennes » que les Français ne manquaient pas d’adresser à l’ancienne victime du Deux-Décembre, qu’on n’avait pas encore divinisée. Un étranger, un « ennemi », devait-il montrer plus de réserve que les compatriotes même du poète ?

Du reste, cette farce était-elle si « populaire » que le croyait Wagner ? Et quel public de faubourg berlinois eût compris la plaisanterie trop parisienne encore, et trop « artiste » par les allusions dont elle était relevée ? Le pis eût été qu’elle fût représentée, selon le vœu de son auteur, avec la musique appropriée !... Les parodies musicales ont généralement un sort tout différent de celui que s’en proposent leurs auteurs. Les Dames de la Halle, où Offenbach parodie si musicalement le grand opéra meyerbeerien ;

  1. En français dans le texte.