Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/109

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pensée est concentrée sur un principe unique, également applicable, dans leur pensée, à l’organisation de l’État et à la législation des intérêts, le principe de mutualité.

Cette idée traduite au grand jour, nous n’avons plus besoin d’interroger les classes ouvrières sur leurs pensées d’avenir. Leur pratique n’a pas beaucoup avancé depuis six mois ; quant à la doctrine, le principe étant donné, nous en saurons, à l’aide de la logique, autant qu’elles. Aussi bien et mieux qu’elles, nous pouvons, par le raisonnement, interroger la conscience universelle, révéler ses tendances, et mettre sous les yeux des masses leur destinée. Nous pouvons même, si elles venaient à faire fausse route, noter leurs contradictions et inconséquences, par conséquent leurs fautes ; puis, appliquant leur idée à chaque question politique, économique ou sociale, leur tracer à elles-mêmes, au cas où elles en manqueraient, un plan de conduite ou formulaire. Ce sera leur indiquer par anticipation les conditions de leur succès et les causes de leurs défaites, écrire d’avance, sous forme d’une déduction dialectique, leur histoire. La civilisation en est là aujourd’hui. L’humanité commence à se connaître et à se posséder assez pour calculer son existence à long terme : motif précieux de consolation pour ceux que la brièveté de la vie attriste, et qui voudraient au moins savoir comment ira le monde quelque cent ans après leur mort.

Reprenons donc cette idée de mutualité, et voyons ce que, sous la pression des événements et d’après les lois de la logique, la Démocratie ouvrière s’apprête à en faire.

Observons d’abord qu’il y a mutualité et mutualité. On peut se rendre le mal pour le mal, comme on se rend le