Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/124

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fixation du juste salaire ? entre l’égalité devant la loi, et l’équilibre des services et des produits ?

2. L’une des premières idées qu’ait conçues la France démocratisée a été celle d’une tarification. Les lois de maximum sont essentiellement révolutionnaires. L’instinct du peuple le veut ainsi, et cet instinct a son côté éminemment juridique et judicieux. Il y a longtemps que je l’ai demandé pour la première fois, et jamais je n’ai obtenu de réponse : Quel est le juste prix d’une paire de sabots ? Combien vaut la journée d’un charron ? celle d’un tailleur de pierres, d’un maréchal, d’un tonnelier, d’une couturière, d’un garçon brasseur, d’un commis, d’un musicien, d’une danseuse, d’un terrassier, d’un homme de peine ? Car il est évident que si nous le savions, la question des travaux et salaires serait décidée : rien de plus aisé que de faire justice, et en faisant justice nous aurions la sécurité et le bien-être pour tous. Combien, par la même raison, devront coûter le médecin, le notaire, le magistrat, le professeur, le général, le prêtre ? Combien pour un prince, un artiste, un virtuose ? Combien est-il juste que le bourgeois, en supposant qu’il y ait bourgeois, gagne sur l’ouvrier ? Combien lui allouer pour sa maîtrise ?

L’offre et la demande, répond imperturbablement l’économiste de l’école anglaise, le disciple d’A. Smith, Ricardo et Malthus. N’est-ce pas impatientant de bêtise ? Tout métier doit produire de quoi faire au moins vivre celui qui l’exerce ; sans cela il sera abandonné, et ce sera raison. Voilà donc, pour le salaire, et conséquemment pour le travail, une première limite, un minimum, en deçà duquel nous ne pouvons reculer. Il n’est offre ni demande qui tienne : il