Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/231

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écoles, aurait-on l’espoir de faire illusion aux masses et de prendre la conscience humaine pour dupe ? Misérables sophistes, qui n’ont pas même l’esprit de voir que les masses, préoccupées de leur misère, ne les comprennent point, et qu’ils n’ont rien à apprendre à ceux qui les paient ! Ils osent parler d’une morale économique, quand tout leur effort, pendant quarante ans, a été de prouver qu’autre chose est la morale, et autre chose l’économie politique ; que là où la première dit oui, la seconde peut fort bien dire non ; quand le plus clair de leurs théories consiste à repousser, du domaine de l’économie politique, l’intervention du droit, le rappel à la solidarité humaine, comme un attentat à la science et à la liberté ! Lequel d’entre eux oserait répondre affirmativement à cette question : Existe-t-il, en dehors du Droit économique, basé sur l’obligation de mutualité, une science, une vérité économique ? Interrogez-les, et vous verrez leur réponse.

Quelle vertu, quelle bonne foi pourrait tenir dans une société dont la maxime fondamentale est que la science économique n’a rien de commun avec la justice ; qu’elle en est radicalement indépendante ; que l’idée d’un Droit économique est une utopie économique ; qu’ainsi l’ordre économique, existant, à ce qu’on prétend, par lui-même, ne repose sur aucune donnée juridique ; que les hommes peuvent se promettre entre eux tout ce que bon leur semble, mais qu’en réalité ils ne se doivent, du fait de leurs relations économiques, absolument rien ; qu’en conséquence, chacun ayant le droit de suivre exclusivement son intérêt, l’ami pourra légalement, rationnellement, scientifiquement, ruiner son ami, le fils abandonner son père et sa mère ; l’ou-