Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/239

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moins qu’aux élections de 1863 et 1864 le parti radical s’est manifesté d’une manière redoutable, et que le risque de socialisme est le seul lien qui rattache au Gouvernement impérial les partis momentanément évincés, mais nullement réconciliés, de la Légitimité, de l’Orléanisme, de la République conservatrice et de l’Épiscopat.

Ainsi le Gouvernement impérial, sur lequel les entrepreneurs d’Opposition constitutionnelle essaient de rejeter l’impopularité qui les atteint tous, ne peut être regardé, de notre point de vue socialiste, que comme une expression réactionnaire. La situation serait pour nous absolument la même si, à la place de la dynastie napoléonienne, les événements avaient porté au pouvoir soit Henri V ou le comte de Paris, soit quelque Africain continuateur de Cavaignac.

Le fait qui entre tous témoigne de l’immutabilité de cette politique, nonobstant tous les changements de règne, c’est que la féodalité industrielle et financière, préparée de longue main pendant les trente-six années de la Restauration, de la Monarchie de Juillet et de la République, et dans laquelle sont entrés les hommes de tous les régimes, n’a cessé depuis le coup d’État de se fortifier et de s’étendre. C’est dans ces dernières années qu’elle a complété son organisation et pris son assiette : les élections de 1863 l’ont envoyée en nombre au Parlement. Chose singulière, comme si cette féodalité songeait à identifier, à l’exemple du socialisme, la Politique et l’Économie politique, on la voit peu à peu faire corps avec le Gouvernement, l’inspirer, le dominer. Pendant onze ans elle a été, avec l’Église et l’armée, le nerf de l’Empire, et l’on ne saurait