Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/24

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raux, se répondant comme les séraphins d’Isaïe, chantaient l’Hosannah de la réconciliation. Enfin, pensaient-ils, on allait pouvoir se mesurer au Parlement, ne fût-ce que pour l’édification du pays et l’honneur de la liberté. Qu’avait à redouter le gouvernement impérial de candidatures appuyées par la Presse, l’Opinion nationale, le Siècle, le Temps, les Débats. D’autre part, comment ces journaux et leur clientèle, n’eussent-ils pas été ravis de voir l’Empire incliner vers le régime parlementaire ? On donnerait satisfaction à la bourgeoisie ; on rendrait hommage à la politique et aux institutions de 1830 ; on contiendrait la Démocratie toujours remuante ; on consoliderait enfin, sous le patronage de l’Empereur, l’alliance des vieux partis formée en 1848, dans la célèbre rue de Poitiers, contre la révolution sociale. Et toute la badauderie d’applaudir.

La campagne électorale fut ouverte d’après ce plan, la liste des candidats d’opposition conçue dans cette pensée. Le Pouvoir comptait bien enlever, comme en 1857, la moitié au moins des élections de Paris ; il eût vu sans regret arriver à la Chambre trente députés d’opposition nommés par les départements. Dans le cas le moins favorable, la liste des candidats de la Seine était composée de manière à faire disparaître toute inquiétude.

La seule difficulté, et c’était la grande affaire, était d’empêcher la Démocratie de se livrer, soit par une abstention en masse, soit par des votes blancs, soit enfin par des nominations inconstitutionnelles, franchement et énergiquement hostiles, à quelque démonstration exorbitante. Pour ce qui est de l’abstention, l’on était à peu près certain de la conjurer à l’aide des journaux qui tous appuyaient le vote ; de