Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/254

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suite, expression de la volonté nationale ; le Roi, après. Simple représentant de la Nation et exécuteur de ses volontés, le Roi est nommé le dernier : il n’y a pas égalité entre les termes de la triade, il y a gradation. L’esprit de la Révolution, telle qu’on la concevait en 89, est tout entier dans cette formule de serment.

Le serment civique fut aboli avec la Constitution de 91 : les Constitutions de l’an ii, de l’an iii et de l’an viii n’en font plus mention. Napoléon Ier le rétablit en 1804, sous cette forme :


« Je jure obéissance aux constitutions de l’Empire et fidélité à l’Empereur. »


Napoléon, il est facile de le voir, dans l’intérêt de son despotisme, se rapprochait le plus qu’il pouvait de la formule féodale ; lui aussi, comme Louis XIV, disait : L’État c’est moi, et se considérait comme le vrai représentant du Peuple, la Loi vivante et l’incarnation de la France.

Mais la Révolution est inexorable Napoléon ne peut s’empêcher de rappeler dans la formule du serment les constitutions de l’Empire, constitution de 1804, constitution de 1802, constitution de 1799, cette dernière se référant à la Révolution et aux principes de 89. C’en est assez : Napoléon aura beau dissimuler et beau faire, l’esprit nouveau se remontre derrière ces constitutions. Au fond, le serment de 1804 est le même que celui de 1791, et il en sera de même des serments prêtés aux rois de la branche aînée et de la branche cadette, et plus tard à Napoléon III.

Voici donc qui est parfaitement entendu : Désormais