Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/384

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sonne, ni les ouvriers, ni les maîtres, ni le travail national, ni le commerce national, ni l’industrie, ni l’agriculture, ni même le territoire national, attendu qu’il ne tient qu’aux capitalistes étrangers, amis du libre-échange, d’en acquérir les plus beaux lopins. Et réciproquement chacun, se voyant abandonné à sa propre force pourra dire qu’il ne tient plus à sa nationalité. Qu’importe désormais aux départements une France à laquelle ils ne devront rien ? De deux choses l’une : ou ils soutiendront, par leur seul effort, la concurrence étrangère, et dans ce cas ils n’en seront redevables qu’à eux-mêmes ; ou bien ils succomberont à la concurrence, et alors ils pourront accuser cette France à laquelle le sort les a attachés.

Mais sachons en quoi consiste cette fameuse théorie du libre-échange, à laquelle, par la plus étrange des fortunes, il a été donné de prévaloir, en France, sous le règne d’un Bonaparte et au profit de l’Angleterre, sur la raison économique du pays, et éventuellement sur la masse des intérêts français.

II. — Les évangélistes du libre-échange, Cobden et Bastiat, soutiennent en substance :

1o Quant au principe : Que toute cette mutualité est inutile, que ni les producteurs et consommateurs, ni les ouvriers et patrons, ni la bonne foi des transactions et la morale publique, ni la sécurité de la Nation et de l’État, n’en ont besoin ; — qu’un système de garanties mutuelles ayant pour but de neutraliser les effets fâcheux de la concurrence, du monopole, de la propriété, de l’emploi des machines, du crédit, de l’impôt, etc., serait une entrave déguisée, pire que les inconvénients auxquels on se pro-