Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/406

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Rien de plus aisé, comme l’on voit, à un homme ordinaire que de consommer, sans fatigue, autant que cinq autres : la question est qu’il puisse payer. Mais il ne s’agit pas en ce moment de cela. Existe-t-il un rapport économique entre cette inégalité de jouissance et le libre-échange ? À quoi je réplique que personne ne conservera à cet égard le moindre doute, pour peu qu’il réfléchisse à ce qui vient d’être dit dans les pages qui précèdent, et que nous allons résumer en quelques mots :

Dans une société démocratisée, où la propriété foncière a été rendue divisible et aliénable ; où le partage dans les successions est égal ; où le paysan qui cultive paye la terre à plus haut prix que le rentier, qui l’afferme à 2 p. 0/0, où, enfin, par l’égalité du droit civil et politique, il y a tendance énergique au nivellement, il ne reste qu’un moyen de conserver le parasitisme et l’inégalité des jouissances, c’est de combiner ensemble : 1o la centralisation ; 2o l’impôt (V. plus haut, ch. Ier) ; 3o la dette publique (ibid) ; 4o les grands monopoles (compagnies financières, de chemins de fer, de mines, de gaz, notaires, agents de change, etc.) ; 5o l’insolidarité ou anarchie économique ; 6o la liberté des usures ; 7o le libre-échange.

En résultat, pour faire vivre, je ne dis pas magnifiquement, mais confortablement 250,000 familles, soit un million de personnes sur un effectif de 40 millions, il faudra, à raison de 10,000 francs en moyenne par famille, prélever sur la consommation du pays, 2 milliards 500 millions ; — la rente foncière ne suffisant pas, puisqu’elle ne donne guère plus de 50 francs net par hectare, il faudra organiser une vaste féodalité mercantile et industrielle ;