Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/426

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du travail, les bévues du commerce et de l’industrie, toutes choses qui vous concernent exclusivement, mais qui sortent de la compétence de l’autorité. — Vous criez contre l’augmentation des loyers. Et que voulez-vous que j’y fasse ? Le prix des locations, comme celui du pain, de la viande et de toutes les marchandises, dépend de la loi éternelle de l’offre et de la demande, loi que le Pouvoir n’a point faite, et qu’il ne dépend pas de lui de réformer. — Vous signalez avec amertume le paupérisme qui grandit, et les faillites qui se multiplient ? Mais à qui la faute ? Ne voyez-vous pas que ces deux faits sont en sens inverse l’un de l’autre, et que si l’un semble déceler un manque de richesse, l’autre dénote non moins certainement l’incapacité des spéculateurs, producteurs et manipulateurs ? — Vous dénoncez les monopoles, fort bien. À cet égard le Pouvoir a fait pour vous tout ce qui dépendait de lui : il a inauguré parmi vous le libre-échange. Que pouvait-il davantage ? — Maintenant c’est la crise financière. Eh bien, à la liberté des échanges, je propose d’ajouter la liberté des usures : serez-vous enfin satisfaits ? Ne dites-vous pas à chaque instant que la liberté est le remède contre tous maux ? Est ce ma faute, si vos importations ont nécessité des sorties considérables de numéraire ? Puis-je avec des pierres créer de l’or et de l’argent ?..

C’est dans ce milieu chaotique, incandescent, que, sur la proposition de l’Empereur, qui depuis quelques années avait pris l’habitude de remettre les condamnations prononcées pour délit de coalition, le Corps législatif vient de lancer sa fameuse loi. On a dit aux ouvriers et aux maîtres : Vous, vous réclamez contre l’excès du travail et la