Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/430

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Le fameux pacte de famine, dont il fut tant parlé dans les premiers temps de la révolution, était le produit d’une coalition ; jamais, bien que les coalisés se donnassent eux-mêmes le titre d’associés, on n’y verra ce qui s’appelle une société de commerce.

On a prétendu, en faveur d’une politique fâcheuse, réhabiliter un terme suspect ; on est allé jusqu’à vouloir réhabiliter la chose ; dans ce but, on a forgé cette expression monstrueuse, droit de coalition. C’est ainsi qu’on pervertit, avec les langues, les idées et les mœurs.

Eh bien, non : il n’y a pas plus de droit de coalition, qu’il n’y a un droit du chantage, de l’escroquerie et du vol, pas plus qu’il n’y a un droit de l’inceste ou de l’adultère. Aucune dialectique, aucune définition, aucune convention, aucune autorité ne feront jamais que de pareils faits soient légitimes ; que l’appropriation, par la force ou par la fraude du bien d’autrui, ou l’amour libidineux avec la femme du prochain puissent être assimilés à l’acquisition par le travail et le mariage ; c’est ce que le Corps législatif a implicitement reconnu, en réservant certains cas où ce prétendu droit de coalition serait considéré comme abusif, c’est-à-dire où la coalition reparaîtrait telle qu’on la voyait auparavant, malfaisante et coupable.

Et qu’est-ce qui constitue cette malfaisance de la coalition ? Qu’est-ce qui en fait la culpabilité ? Il nous incombe de le préciser.

Tout producteur, ouvrier ou maître, tout commerçant, a le droit de retirer de son produit, service ou marchandise, un prix ou salaire rémunérateur ; — et réciproquement tout acheteur ou consommateur a le droit de ne