Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/50

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favorable : l’opposition démocratique, toujours en minorité, compterait alors 105 membres ; l’opposition conservatrice, 140 ; ensemble, 245. Le Gouvernement ayant perdu la majorité devrait modifier, selon l’esprit de cette opposition nouvelle, sa politique et probablement sa Constitution. Cela se ferait d’après les formes légales, constitutionnelles ; quant aux modifications à apporter à la Constitution de 1852, elles ne pourraient être autres que celle réclamée par M. Thiers dans son premier discours, ce serait le retour au système parlementaire. L’Opposition démocratique, en raison de sa minorité, comme aussi en raison de son manque de plan politique, n’aurait rien à fournir. Tout au plus lui offrirait-on un ou deux ministères, gages du ralliement définitif de la démocratie au gouvernement impérial.

Napoléon III en serait donc quitte, comme Napoléon Ier en 1815, pour changer de Constitution ; en sorte que tout le progrès politique de la France, de 1814 à 1870, renfermé dans les limites de la Charte de Saint-Ouen, se réduirait à des substitutions dynastiques. Prend-on cela pour un échec au système ? Mais Napoléon III le premier a prévu ce revirement ; il n’ignore pas que les pouvoirs extraordinaires dont il a été revêtu en 1851 ont eu pour cause l’agitation démocratique et sociale ; que, cette agitation apaisée, il doit s’attendre à rentrer dans la moyenne constitutionnelle. C’est ce que lui-même a pris soin d’annoncer à la France par ces mots, le couronnement de l’édifice. Tel serait donc le résultat de tant de souffrances, de discussions, d’oppositions, de scrutins, de serments : pour le pays et pour la démocratie une rétrogradation de quarante années ; pour l’empire et la dynastie napoléonienne, au lieu de la prérogative