Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/72

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personnes et par an (je suppose que la somme de 1,250 fr. est la moyenne approximative, pour chaque famille, du revenu ou produit total de la nation) ; l’autre qui vit d’autre chose que de son travail, quand elle travaille ; qui vit du revenu de ses propriétés, de ses capitaux, de ses dotations, pensions, subventions, actions, traitements, honneurs et bénéfices ? Il n’est pas vrai, à ce point de vue de la répartition des capitaux, des travaux, des privilèges et des produits, qu’il existe parmi nous, comme autrefois, mais sur un tout autre pied qu’autrefois, deux catégories de citoyens, vulgairement nommées bourgeoisie et plèbe, capitalisme et salariat ? Il n’est pas vrai que ces deux catégories d’hommes, autrefois unies et presque confondues par le lien féodal du patronat, maintenant sont profondément séparées et n’ont d’autre rapport entre elles que celui déterminé par le chapitre iii, titre viii, livre III, art. 1779 à 1799 du Code civil, relatif au contrat de louage d’ouvrage et d’industrie ? Mais toute notre politique, notre économie publique, notre organisation industrielle, notre histoire contemporaine, notre littérature elle-même reposent sur cette distinction inéluctable, que la mauvaise foi et une sotte hypocrisie peuvent seules nier.

La division de la société moderne en deux classes, l’une de travailleurs salariés, l’autre de propriétaires-capitalistes-entrepreneurs, étant donc flagrante, une conséquence devait s’ensuivre, laquelle n’a droit de surprendre personne : c’est que l’on s’est demandé si cette distinction était l’effet du hasard ou de la nécessité ; si elle était dans les vraies données de la révolution ; si elle se pouvait légitimer en droit, comme elle se constatait en fait ; en un mot si, par une