Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/24

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Monarchie de Juillet. — Elle fut le couronnement de la bourgeoisie ; elle pouvait être, précisément à cause de cela, le plus légitime des pouvoirs. Une plèbe à émanciper suppose une classe d’initiateurs : c’est la donnée même de la Révolution. Louis-Philippe repoussa ce thème. Comme Napoléon avait essayé de refaire l’ancien régime avec ses soldats, celui-ci conçut l’idée de le refaire avec ses bourgeois. Il ne gouverna ni par la religion, ni par la force, ni par les instincts ; il gouverna par les intérêts. Sous Louis-Philippe s’est formée la féodalité industrielle, actuellement régnante. On peut dire de ce prince ce qu’on a dit de Voltaire : Il n’a pas vu tout ce qu’il a fait, il a fait tout ce que nous voyons. Lui-même s’en est vanté dans ses lettres aux chefs de la Sainte-Alliance ; et Napoléon III, qui a dépouillé la famille d’Orléans de ses apanages, n’oserait révoquer, sans indemnité, les grands fiefs dont son royal prédécesseur avait flanqué le Système.

Système parlementaire. — De 1789 à 1799, de 1814 à 1851, la tribune fut la gloire du génie français ; son silence est notre honte : j’en tombe d’accord. Mais, en trahissant tous les partis, en plaidant toutes les causes, en donnant le spectacle des plus honteuses palinodies, en servant moins la vérité que l’intrigue, en envoyant tour à tour, à l’échafaud et à l’exil, la monarchie, la gironde, les cordeliers, les jacobins, les thermidoriens, les clichyens, les socialistes, ne s’est-elle pas réfutée elle-même ? n’a-t-elle pas fait dire que la voix de la Révolution était une voix de mensonge et d’iniquité : Mentit est iniquitas sibi ?