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Centralisation. — « Le sens des hommes de nos jours s’est trouvé tellement perverti, dit Michelet ; nos amis ont si légèrement avalé les bourdes grossières que leur jetaient nos ennemis, qu’ils croient et répètent que les protestants tendaient à démembrer la France, que tous les protestants étaient des gentilshommes, etc. Dès lors, voyez la beauté du système : Paris et la Saint-Barthélemy ont sauvé l’unité ; Charles IX et les Guises représentaient la Convention. » (Guerres de religion, p. 305.)

Dans une réunion de républicains qui eut lieu après le 2 décembre, et où l’on déplorait l’inertie des départements, attendant le signal de la capitale, quelqu’un ayant posé la question s’il eût mieux valu sauver la République, au prix de la décentralisation, que de conserver l’unité en subissant le coup d’État, la majorité se prononça pour la seconde opinion, le fédéralisme paraissant incompatible avec la République. Aussi ne vous étonnez pas que sur cette souche du jacobinisme le bourgeon monarchique soit toujours fleurissant. La monarchie, nous l’avons en horreur ; l’unité, c’est autre chose !

La possédons-nous du moins cette unité centralisatrice, dont l’installation coûta à la France quatorze mois de terreur et aux Girondins leurs têtes ? Hélas ! non. La centralisation suppose des parties qui se groupent sous une loi de série, mais toujours au profit de leur liberté et de leur initiative. Paris et son gouvernement, ses administrations, ses compagnies, ses monopoles, ses plaisirs, son parasitisme, Paris absorbe et dévore la France : voilà la centralisation !