Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/26

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Concordat. — Que de protestations souleva, de la part des prêtres, la constitution civile du clergé !… Vaincus par la nécessité, ils se résignent cependant. Le Concordat fait rentrer l’Église, qu’avaient proscrite ceux de 93, en lui imposant toutefois la constitution civile. Dieu fasse paix au vieil empereur ! Voici qu’aujourd’hui, après cinquante-trois ans, le Concordat est l’acte providentiel par lequel Celui qui règne dans les cieux et qui gouverne tous les empires a substitué, en France, l’ultramontanisme à l’Église gallicane. Ô Louis XIV, ô Bossuet !

Philosophie. — Une révolution sociale suppose, avec un gouvernement nouveau, une philosophie nouvelle. Pour fonder la Justice, développer la pensée humanitaire de Clootz, symbolisée dans le culte de la Raison, une critique de celle-ci était indispensable. Il suffisait pour cela de continuer, en l’élevant et le précisant, le mouvement du dix-huitième siècle : pas n’était besoin de faire appel aux Allemands, aux Écossais, aux Platoniciens, et sous prétexte de matérialisme, de donner le signal d’une réaction, comme fit Royer-Collard. Jamais le culte de la matière, puisque matière il y a, fit-il proscrire un philosophe, allumer un bûcher, poser en principe l’ignorance du peuple et l’abêtissement de l’humanité ? Bien différente, certes, est la religion de l’esprit. Depuis quarante ans, le spiritualisme universitaire, rival ou allié de l’Église, lui livre les intelligences. C’est le spiritualisme qui, en 93 et 94, envoya la Révolution à la guillotine : il le ferait encore. La fête du 20 prairial, dont la loi du 22 fit un véritable auto-da-fé, fut un appel au parti