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XX

Sur la fin de 1838, je vins à Paris pour y suivre mes études. Vous savez, Monseigneur, à qui je dus cet avantage ; vous fûtes, je crois, l’un des académiciens qui me donnèrent leur suffrage : permettez-moi de vos en témoigner ici ma reconnaissance,

En feuilletant le catalogue de la bibliothèque de l’Institut, je tombai sur cette division : Économie politique. Il y avait juste quatre-vingts ans que Quesnay avait publié son Tableau, sans que j’en eusse jusqu’à cette heure entendu parler. Qui sont ces gens-ci ? me dis-je. Et je me mis au travail,

La lecture des économistes m’eut bientôt convaincu de deux choses, pour moi d’une importance capitale :

La première, que dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, une science avait été signalée et fondée en dehors de toute tradition chrétienne et de toute suggestion religieuse, science qui avait pour objet de déterminer, indépendamment des coutumes établies, des hypothèses légales, des préjugés et routines régissant la matière, les lois naturelles de la production, de la distribution et de la consommation des richesses. — C’était juste mon affaire.

L’autre chose dont je restai également convaincu, c’est que dans l’Économie politique, telle qu’il avait été donné aux fondateurs de la concevoir, la notion du droit n’entrait pour rien, les auteurs se bornant à exposer les faits de la pratique, tels qu’ils se passaient sous leurs yeux, et indépendamment de leur accord ou de leur désaccord avec la Justice.

Par exemple, — cette observation est de Rossi, — il est démontré, et l’objet propre de l’économie est de faire cette démonstration, que la division du travail est le pro-