Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous appellerons dès à présent, l’un, système de la subordination des services, l’autre, système de la réciprocité des services. Ai-je besoin d’ajouter que le premier de ces systèmes est celui de l’Église, le second celui de la Révolution ?

Je ne perdrai pas le temps à démontrer comment le principe de la réciprocité du respect se convertit logiquement en celui de la réciprocité des services. Chacun comprend que, si les hommes sont subjectivement égaux les uns au regard des autres devant la Justice, ils ne le seront pas moins devant la nécessité ; et que celui qui prétend se décharger sur ses frères de cette servitude imminente, que le droit et le devoir de la société est de vaincre, celui-là est injuste.

Ce que je veux seulement relever, c’est d’abord qu’une idée si simple ait pu paraître jusqu’à la Révolution un paradoxe abominable ; c’est, en second lieu, l’absurde sophisme sur lequel se fonde la prétendue loi de l’inégalité.

XXIII

L’année 1789 a sonné. Toutes les anciennes hypothèses légales, admises jusqu’alors comme l’expression pure de la Justice et sanctionnées par la religion, sont reprochées par le nouveau législateur : droits seigneuriaux, hiérarchie de classes, noblesse, tiers-état, vilainie, corporations, maîtrise, priviléges de fonctions, de clochers, de provinces, bancocratie et prolétariat. À la place de cette inégalité systématique, créée par l’orgueil et la force, consacrée par tous les sacerdoces, la Révolution affirme, comme propositions identiques, 1. l’égalité des personnes ; 2. l’égalité politique et civile ; 3. l’égalité des fonctions, l’équivalence des services et des produits, l’identité des valeurs, l’équilibre des pouvoirs, l’unité de loi, la communauté de juridiction ; d’où résulte, sauf ce