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1856, le produit de ce capital, grossi par le privilége, a été de 272 fr. par action, ou 27 fr. 20 c. 0/0.

Je dis donc que la Banque de France, à qui son privilége constitue vis-à-vis du pays un engagement synallagmatique, manque à la réciprocité, puisque, tandis que l’État lui paye 3,686,481 fr. pour intérêt de son capital, elle, de son côté, ne paye rien pour les 600 millions, espèces et garantie, dont elle dispose ; qu’elle s’adjuge ainsi 24 millions d’intérêts qui ne lui appartiennent pas ; qu’à cet effet elle grève arbitrairement l’escompte, à l’échéance moyenne de quarante-cinq jours, de 41 c. 3, en autres termes, de 3 fr. 70 c. pour 0/0 l’an ; et qu’en conséquence il y a lieu, pour toutes ces raisons, de faire subir au bilan de la Banque un redressement.

Retranchant donc 24 millions, indûment perçus, des 37,059,226 fr. 40 c. formant le produit de 1856, resterait 13,059,226 fr 40 c, qui, les dépenses ordinaires payées, laisseraient à la Compagnie 7,959,226 fr. 40 c. de bénéfice, soit, avec l’intérêt payé par l’État, un revenu net de 12 fr. 72 c. pour 0/0,

Revenu, direz-vous, bien supérieur aux 5.80 auxquels nous a conduits tout à l’heure l’hypothèse. Oui, mais croyez-vous que si la loi de 1840, au lieu de proroger purement et simplement le privilége de la Banque, si, le 9 mai 1857, le Corps législatif, au lieu d’allonger de trente années cette prorogation, l’avait mise à la sous-enchère comme on faisait d’abord pour les compagnies de chemins de fer, il ne se serait pas trouvé de capitalistes qui pour un revenu moindre eussent consenti à faire l’escompte au commerce français au taux moyen de 20, et même 15 c. 0/0, pour le papier à quarante-cinq jours, c’est-à-dire à raison de 1 fr. 80 et 1 fr. 35 0/0 l’an ? Croyez-vous enfin qu’il n’eût pas été possible avant 1897, date d’expiration du privilége, d’abaisser cet escompte à 10 c.