Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/315

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proteste de toutes mes forces ; ce que je demande pour la propriété est une balance.

Ce n’est pas pour rien que le génie des peuples a armé la Justice de cet instrument de précision. La Justice, en effet, appliquée à l’économie, n’est autre chose qu’une balance perpétuelle ; ou, pour m’exprimer d’une manière encore plus exacte, la Justice, en ce qui concerne la répartition des biens, n’est autre chose que l’obligation imposée à tout citoyen et à tout État, dans leurs rapports d’intérêt, de se conformer à la loi d’équilibre qui se manifeste partout dans l’économie, et dont la violation, accidentelle ou volontaire, est le principe de la misère.

Les économistes prétendent qu’il n’appartient pas à la raison humaine d’intervenir dans la détermination de cet équilibre, qu’il faut laisser le fléau osciller à sa guise, et le suivre pas à pas dans nos opérations. Je soutiens que c’est là une idée absurde ; qu’autant vaudrait reprocher à la Convention d’avoir réformé les poids et mesures, par la raison que, ne connaissant pas le mètre dont Dieu s’est servi pour organiser le monde, le plus sûr était de laisser chacun se faire une mesure arbitraire. Liberté de poids et de mesures ! c’est la conséquence du libre échange. Ce précieux corollaire a échappé à Bastiat.

De même que tout est en oscillation continuelle dans la nature, de même tout est soumis à la loi du nombre, du poids et de la mesure, à la loi d’équilibre ; j’ajoute seulement que, la formule d’équilibre trouvée, il est de notre droit et de notre devoir, en notre qualité d’êtres intelligents et moraux, de nous y conformer, à peine de subversion sociale. C’est cette obligation de l’équilibre que j’appelle Justice ou réciprocité dans l’économie.

Ainsi, balance et réciprocité du travail et du produit, balance de l’offre et de la demande, balance du commerce, balance du crédit, balance de l’escompte, balance