Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/342

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dans une courte période, soit tous les dix-huit, vingt-cinq ou trente ans.

Je regarde pour ma part cette tendance comme empiriquement prouvée ; et ce qu’on a dit pour l’infirmer me semble pur verbiage.

Mais tout phénomène a une cause, une raison ; il rentre dans une série ; et ici se présente une question dont Malthus n’a dit mot.

Toutes les forces économiques sont dans le même cas que la population : si rien ne leur fait obstacle, elles tendent à se développer indéfiniment, et à envahir le système. J’en citerai tout à l’heure un exemple. C’est cette tendance, mal dirigée, mal équilibrée, des forces économiques, qui produit les anomalies sociales et appelle les révolutions.

Il s’agit donc de savoir si la cause qui entraîne la population à ce développement exorbitant est normale ou anormale. Est-ce un fait de l’ordre zoologique ou de l’ordre humain ? Appartient-elle à la société régulièrement organisée, constituée selon la Justice ? ou ne serait-elle par hasard que la résultante de l’anarchie économique, de ce régime de subversion et d’inégalité, entretenu depuis tant de siècles, qui sous couleur de religion subordonne la nature humaine à la nature animale, et que l’école de Malthus s’efforce de consacrer par sa prétendue science et son autorité ?

La chose valait la peine qu’on l’examinât : comment argumenter d’une tendance quand on n’en connaît ni le principe ni la signification ? Comment ériger sur cette tendance un système ?

Je nie, quant à moi, la tendance au doublement dans une population égalitaire ; je l’impute, cette tendance, au défaut d’équilibre qui règne dans toutes les parties du corps social ; je soutiens que, la balance faite, d’abord