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tion, son unité, par le commandement, la réglementation, l’uniforme. Le terrain préparé par les législateurs ; le peuple n’a plus qu’à consommer l’œuvre par son suffrage. Aussitôt qu’il peut intervenir, il se donne un chef, Napoléon ; et nous n’avons pas même la monarchie balancée de 91, nous avons celle de Louis XIV et de Charlemagne.

Il y a dans tous ces faits comme un témoignage de la nature qui, en dépit des accidents révolutionnaires, proteste de la stabilité essentielle de l’État, et, par l’innéité et la constance des formes organiques, dément la théorie prétendue de la caducité nécessaire des gouvernements. Ce n’est donc pas là qu’il faut chercher la cause première des cataclysmes politiques, et il est juste de dire que ce n’est pas là non plus que les auteurs ont cru la découvrir,

VII

La nécessité, naturelle et sociale, qui s’impose à l’État comme loi politique, et le rend en conséquence fatalement instable, c’est, dit Aristote, l’inégalité des conditions et des fortunes… Telle est la cause générale des révolutions ; toutes les autres ne sont que secondaires.

Or, comme il est de fait qu’à mesure que la civilisation se développe par la science, l’industrie et l’art, l’inégalité grandit en même temps, on peut ajouter aux paroles d’Aristote ce corollaire, que plus la société avance, plus la condition des États devient précaire et les révolutions fréquentes ; sur ce point encore l’histoire semble confirmer le dire de la philosophie.

L’inégalité, voilà donc, en un mot, le nœud de la politique et la clef de l’histoire.

À cette assertion d’Aristote, je réponds deux choses :

1o Quand il serait vrai, comme le Péripatétique et tous ses successeurs le prétendent, que l’inégalité fût une loi de nature, elle ne pourrait pas, précisément pour cette