Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/437

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serait plus agréable à Sa Sainteté qu’une somme en espèces ; et c’est postérieurement à votre visite au Saint-Père que vous fûtes élevé au cardinalat.

Non, dis-je, je ne crois pas à cette prétendue simonie. Je sais parfaitement que si, aux yeux de l’Église, l’abandon qu’on lui fait de ses biens est une marque de vocation, il n’est pas pour cela le prix de la consécration et de l’intronisation.

Mais voici où je vous arrête.

Le ministère que remplit l’Église en échange des prestations qu’elle réclame, office divin, sacrements, indulgences, est un ministère de foi, ou ce n’est rien.

Son gouvernement, sa hiérarchie, sa discipline, sont aussi de foi.

Le mode de recrutement du personnel sacerdotal, la collation des pouvoirs, tout cela est encore de foi. Ce serait le renversement de la religion que d’introduire dans l’Église, pour tous ces objets, les formes et garanties des administrations civiles et politiques. La foi est tout ici ; naissance, fortune, présents, génie, services rendus, âge, sainteté même, vœu du peuple, ne sont de rien.

La foi est au-dessus des règles, au-dessus de ce que la prudence humaine prend pour le droit : telle est sa prérogative.

J’admets qu’un tel régime puisse se soutenir, mais à condition que la foi existe, qu’il y ait foi partout, foi vive, dans le sacerdoce, dans le peuple, chez les ministres comme chez les administrés : car, que la foi se refroidisse, si peu que ce soit, et cède aux influences et considérations mondaines, si habiles à se couvrir du prétexte de la religion, alors tout est perdu, nous tombons dans l’arbitraire et toutes ses corruptions.

Eh bien ! Monseigneur, je demande qui nous garantit que cette condition est remplie ? Qui protége la chrétienté