Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/460

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et ce qui est vrai de l’une est vrai de toutes : la vie des départements s’est concentrée dans les chefs-lieux ; la vie des chefs-lieux a son foyer dans la capitale, et toute la vie de la capitale se ramasse en quelques établissements spéciaux qui l’élaborent pour le reste du pays, le Palais, la Bourse, l’Académie, la Préfecture de police, le Château. Que Paris, après cela, et les 37,000 communes à son exemple, possèdent un nombre plus ou moins grand de gargottes patentées, de bals publics surveillés, de théâtres censurés, de journaux avertis, d’églises abandonnées, de bibliothèques expurgées, de colporteurs médaillés, de feuilles illustrées, la centralisation n’y risque guère : de telles licences ne feront jamais échec au gouvernement.

L’inaugurateur de cet affreux système fut Dioclétien. Mais l’idée est chrétienne ; elle appartient au mouvement messianique, elle date de plus loin que l’empire. C’est une de ces fantaisies orientales que l’Église seule, avec son orthodoxie indiscutable, avec sa liturgie unitaire, avec sa hiérarchie d’esprits célestes, modèle de la hiérarchie sacerdotale, avec son idée de bergerie appliquée au gouvernement humain, pouvait faire entrer dans les âmes en la sanctionnant d’une révélation. Fiet unum ovile et unus pastor ; on peut dire que ce fut le rêve de Jésus-Christ. Suppression des libertés publiques, suppression de la morale.

XXXIII

L’Église tient bureau d’esprit public ; non contente de diriger l’opinion, et au besoin de la suppléer, elle sert d’éclaireur au gouvernement.

En vertu du concordat de François-Joseph, les évêques de Lombardie, sous prétexte de sauvegarder la religion et les mœurs, mettent l’interdit sur tous les livres de philosophie et de science qui leur semblent de nature à