Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/465

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Une fois entrée dans la maison, l’Église ne respecte plus rien, ni le lit de la femme en couche, ni celui de la jeune fille qu’une maladie mortelle cloue sur le grabat.

Un docteur de mes amis exerce la médecine dans une localité où son zèle, sa modestie, non moins que ses talents, l’ont fait chérir de tout le monde. Mais il ne pratique pas : et le curé, les sœurs, le bataillon dévot, ont juré de lui faire perdre sa clientèle. D’abord M. le curé ne veut pas que le docteur fasse d’accouchements ; il a lu dans je ne sais quelle biographie de Feller un article furibond, d’après lequel toute femme qui se fait accoucher par un médecin doit être tenue pour impudique et prostituée. Il a refusé l’absolution à une jeune fille poitrinaire parce que l’indiscret docteur s’était permis, une fois, par devant témoins, de pratiquer sur la malade… l’auscultation. Comme vous prenez feu, monsieur le curé ! Vous ignorez donc que la condition la plus essentielle de l’art de guérir est la confiance que le malade a dans son médecin, et que cette confiance est ce qu’il y a de plus libre, et dans la femme de plus chaste ? Atteinte à la liberté du malade : assassinat. Je n’ai pas besoin d’ajouter : atteinte à la morale.

Tout le monde a entendu parler de l’association pour la célébration du dimanche, dont les membres s’engagent non-seulement à ne travailler ou faire travailler, acheter ou vendre, les jours défendus, mais encore à n’employer que des gens observant à leur exemple le repos sacré, et à refuser leurs ordres et commandes aux infracteurs. C’est l’excommunication appliquée au commerce et à l’industrie, et transformée en instrument de monopole. Quelle sanction éclatante donnée au gouvernement de la Providence ! Jamais, il est juste de le dire, le gouvernement n’avait songé à intervenir avec ce génie intolérant, vexatoire, dans les choses de l’industrie et du commerce,