Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/54

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transitoire comme ses formes ? marchons-nous à une transformation religieuse ou à une résorption de la religion dans la Justice ? En admettant que la religion n’ait été qu’une forme préparatoire de la civilisation, reste toujours à dire quel en a été le rôle, la fonction, le mandat ; et comme rien ne se produit dans la vie sociale qui n’ait sa racine dans les entrailles de l’humanité, il faut dire encore à quoi doit se réduire la religion, et quel sera le mode d’exercice de cette faculté dans les âges ultérieurs.

Y a-t-il un système de la société, comme l’ont entendu tous les utopistes anciens et modernes et tous les législateurs ? quel est ce système ? comment le reconnaître, le prouver ? N’y en a-t-il pas ? qu’est-ce alors que l’ordre social ?

Grosse entreprise, de dégager de la masse des faits humains les principes qui les régissent, de tirer au clair une douzaine de notions que le passé nous a léguées sans les comprendre, et pour lesquelles nous combattons comme ont combattu nos pères !

En résumé :

Quel est le principe fondamental, organique, régulateur, souverain, des sociétés ; principe qui, subordonnant tous les autres, gouverne, protége, réprime, châtie, au besoin exige la suppression des éléments rebelles ? Est-ce la religion, l’idéal, l’intérêt ? est-ce l’amour, la force, la nécessité ou l’hygiène ? Il y a des systèmes et des écoles pour toutes ces affirmations.

Ce principe, suivant moi, est la Justice.

Qu’est-ce que la Justice ? — L’essence même de l’humanité.