Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/56

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grande originalité de mon ouvrage. L’honneur en revient à la philosophie naturelle, qui est celle du sens commun.

Par cette méthode, dont tout le secret consiste à suivre l’histoire, s’expliquent, et les aberrations du sens moral chez les anciens, et la supériorité croissante des modernes, et la nature ainsi que le rôle du principe religieux, et la longue impuissance des philosophes à asseoir sur des bases certaines la science des mœurs, heureux quand ils ne mettent pas leur idéologie au service des intérêts régnants ou de leur secrète ambition.

J’avoue, du reste, que je n’ai pas eu à faire de grands frais d’érudition. L’histoire a été largement, profondément fouillée ; les matériaux sont à découvert, et je me suis fait une règle de donner la préférence aux plus authentiques. J’ai cru que mon travail, quelque soin que j’y apportasse, ne pouvait être considéré que comme un appel ; que pour écrire la bible de la Révolution il ne fallait pas moins qu’un vaste concours d’intelligences, recommençant sur nouveaux frais le dépouillement de l’antiquité, du moyen âge et des temps modernes. J’en ai conclu que mon unique soin devait être de bien poser mes jalons, sûr que par la manière dont ils seraient posés et leurs résultats indiqués, l’histoire se révélant sous un nouveau jour montrerait comme en un panorama la pensée, la puissance et toutes les richesses de la Révolution.

Peut-être me reprochera-t-on de ne m’être pas tenu aux faits de l’histoire, appuyés des témoignages de la philologie et de la littérature, et d’avoir donné dans