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des gladiateurs. C’est l’éloge qu’en font les écrivains ecclésiastiques : la comparaison revient sans cesse dans les récits du martyrologe et dans les hymnes. Quand des hommes libres, des chevaliers, des sénateurs, des femmes, s’élançaient dans le cirque, sans autre but que de faire montre de leur courage dans un combat à outrance, comment des fanatiques, unis contre l’empereur par leur foi au Messie éternel, n’auraient-ils pas su mourir pour leur Église et pour leur Dieu ?…

XLV

Mais j’ai hâte à de savoir comment le christianisme entreprit de mettre fin à cette panique, qui plus que les massacres du cirque et toutes les débauches déshonora la fin de la société païenne.

Le premier mot du christianisme fut un cri de victoire. Que parlez-vous, cyniques, de votre mépris de la vie ? vous, stoïciens, de votre indifférence pour la douleur et la mort ? vous tous, héritiers des anciens sages, interprètes des dieux, de l’évaporation des âmes et des mânes impalpables ? Que nous vantes-tu, troupe d’Épicure, tes joies au désespoir ? et toi, plèbe affamée de Romulus, tes combats de gladiateurs ? Écoutez ces hommes, venus de Judée, que Néron fit enduire de poix et flamber dans ses jardins, en guise de lampions. Ils annoncent… la résurrection des corps !

C’était par là, en effet, que débutaient les nouveaux sectaires.

Le christianisme, par ses origines, avait plus d’un rapport avec les sectes qui s’étaient donné mission de rendre aux Romains le calme et la sérénité de leurs aïeux. Des cyniques, il avait l’affectation de pauvreté et de détachement ; des stoïciens, il prenait la gravité et déjà le spiritualisme ; des épicuriens, il retenait, pour l’époque qui