Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/134

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sauriez dire si elle est à l’un plus qu’à l’autre, on croirait qu’ils ne font qu’un ; mais bientôt vous la voyez passer tout entière à l’embryon, qui se détache, et quitter avec lui le père, qui est mort.

La mort, en un mot, est la transmigration de la vie d’un sujet à un autre sujet, par un acte particulier de la vie elle-même, qu’on appelle génération.

Chez les insectes, l’existence se comporte absolument de même : elle se termine par la génération. Beaucoup de mâles périssent dans l’accouplement ; les femelles ne survivent que le temps nécessaire à la ponte.

Les plantes pérennes ne font pas exception à cette loi. Toutes produisent des graines, et chez toutes le bourgeon séminifère, ou le fruit, s’éteint à la maturité de la graine. Seulement, tandis que dans les plantes annuelles la fructification emporte la mort complète du végétal, ici la tige et les racines conservent une vitalité qui leur permet de pousser l’année suivante de nouveaux bourgeons, comme si en une première efflorescence leur force productive n’avait pas été épuisée.

Il en est ainsi des grands animaux et de l’homme : ils survivent à la production de leur graine et à son éclosion, assez longtemps quelquefois pour voir les enfants de leurs enfants jusqu’à la troisième et quatrième génération,

Et natos natorum, et qui nascentur ab illis.

La raison de cette survivance est l’éducation de la progéniture.

De la durée de cette éducation résulte pour le sujet géniteur la faculté de multiplier ses générations : chose qui n’a pas lieu chez les plantes annuelles et les insectes, et qui semblerait une exubérance de la nature, une anomalie, si des considérations d’un autre ordre n’en expliquaient le mystère.