Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/166

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Alors, ajoutent les novateurs, l’idéal rêvé par les anciens économistes, inconciliable avec leur théorie, peut se réaliser :

La terre à celui qui la cultive ;

Le métier à celui qui l’exerce ;

Le capital à celui qui l’emploie ;

Le produit au producteur ;

Le bénéfice de la force collective à tous ceux qui y concourent, et le salariat modifié par la participation ;

Le travail parcellaire combiné avec la pluralité d’apprentissages dans une série de promotions ;

Le morcellement du sol aboli par la constitution de l’héritage ;

En deux mots, la fatalité de la nature domptée par la liberté de l’homme :

Tel est le programme des économistes de la Révolution. C’est tout un monde moral qui surgit, une civilisation nouvelle, une autre humanité. Malouet dès 1789, Babeuf en 1796, le représentant de la bourgeoisie et le tribun du peuple, l’affirment. Ajournée par les guerres de l’empire, l’idée rentre dans la discussion avec la royauté légitime ; elle fait explosion en 1848 par le décret du 25 février sur le Droit au travail.

Ou la fatalité et le privilége, ou la liberté et l’égalité : voilà le dilemme. D’un côté est le paganisme, le despotisme, la routine des peuples, et toute leur histoire ; de l’autre, la science, le droit, l’avenir, l’infini !… Il faut choisir, et d’abord il faut juger. Pour laquelle de ces deux écoles va se prononcer l’Église ?

IX

L’Église, pendant ces dix-huit siècles qu’elle aime tant à rappeler, n’a pas soupçonné le premier mot de toutes ces choses. Elle ne s’est pas demandé, si le travail était