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satanique, dont l’esclavage, servage ou salariat, est la traduction fidèle.

Si le Dieu qui jadis fit entendre sa parole à Moïse, qui s’était fait connaître auparavant à Abraham, qui avait enseigné Noé après l’avoir sauvé du déluge, eût été mu d’une vraie piété pour notre espèce, il avait une belle occasion de lui rendre service, en lui expliquant le mythe du travail. Cela aurait mieux valu pour l’édification de l’humanité que l’abrasion du prépuce et l’interdiction de la viande de porc. — Sois attentif à la parabole, aurait-il dit à Noé ; ne va pas te perdre dans les abstractions quintessenciées, et prendre l’âge du bonheur et l’âge du travail pour deux périodes consécutives de l’histoire. Il ne s’agit là que d’une corrélation. Le bien-être et le travail sont jumeaux : vous n’aurez point parmi vous d’esclaves ; tout le monde aura sa part, et le plaisir chassera la peine.

Au lieu de cet avis si simple, le trop prompt Jéhovah prend lui-même sa parabole au pied de la lettre. Il laisse subsister la malédiction portée par Noé contre son fils Cham ; parmi les richesses dont il comble Abraham, il n’oublie pas les esclaves, mâles et femelles ; et sur le Sinaï, son principal soin est de consacrer la servitude en la réglementant. Fiez-vous donc aux révélations, et prenez les dieux pour directeurs de vos consciences !

XIV

Qu’est-ce que l’esclave ?

M. de Bonald, partant, ainsi que M. Jean Reynaud, du dualisme cartésien, définit l’homme une intelligence servie par des organes.

Or, il est à remarquer que la notion de l’esclave, d’après l’étymologie, revient exactement à cette définition : Ser-vus, serv-are, serv-ire, ser-ere (franc. serrer), inser-ere, ser-a ; gr. θεραπων, θυρα, θυροω, etc. Servus est donc