Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/238

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Mais ils ne sont pas en mesure de dire ce qui leur manque, et conséquemment de formuler leur pétition.

Ils s’imaginent que tout pourrait être réparé au moyen d’une augmentation de salaire et d’une réduction des heures de travail ; quelques-uns vont jusqu’à balbutier le mot d’association. C’est tout ce qu’ils ont compris de la république de 1848, tout ce qu’on a su dire en leur nom au Luxembourg.

De là les remaniements plus ou moins malheureux de tarifs, la guerre faite aux ouvriers tâcherons, les associations communautaires, et cette ratio ultima du travailleur mécontent, la grève.

La critique a depuis longtemps fait justice de ces expédients pitoyables.

L’augmentation de salaire, jointe à la réduction du travail, et combinée avec l’emploi des machines et la séparation parcellaire des industries, constitue, dans l’état actuel, une quadruple contradiction.

Plus le travail se divise et les machines se perfectionnent, moins l’ouvrier vaut ; conséquemment moins il est payé ; partant, plus, pour un même salaire, sa tâche augmente. Cela est d’une logique fatale, dont aucune législation, aucune dictature, ne saurait empêcher l’effet. Il y a donc baisse forcée de salaire, en dépit des grèves, des règlements, des tarifs, de l’intervention du pouvoir : l’entrepreneur a mille moyens de se soustraire à cette pression anormale.

Quant à l’association ouvrière, elle n’a guère été autre chose jusqu’ici, et sauf de bien rares exceptions, qu’une imitation de la commandite bourgeoise ou de la communauté morave, pauvre ressource, dont la pratique eut bientôt démontré l’impuissance.

Il faut donc changer de tactique ; il faut, pour relever la condition de l’ouvrier, commencer par relever sa