Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

point de vue du plaisir, préférable à tous les jeux, danses, escrimes, gymnases, divertissements, et autres balançoires que la pauvre Humanité a inventées pour se remettre, par un léger exercice du corps et de l’âme, de la fatigue et de l’ineptie que la servitude du labeur lui cause ? N’aurions-nous pas alors vaincu la fatalité dans le travail, comme nous l’avons vaincue précédemment dans la politique et l’économie ?

XL

Organisation de l’Atelier.

On objecte :

La vie du sauvage, quand elle n’est pas tourmentée par la famine, les maladies, la guerre, se passe dans une ivresse perpétuelle. Il est libre ; dans la mesure de son intelligence il peut se dire le roi de la création, et l’on conçoit que son instinct se refuse à changer d’état.

Les ravissements du civilisé, chaque fois qu’il dérobe à la nature un de ses secrets, ou que par la spontanéité de son industrie il triomphe de l’inertie de la matière, sont plus grands encore. Comparaison faite des avantages et des inconvénients de la vie sauvage et de la vie civilisée, la balance est incontestablement en faveur de la dernière.

L’idée de faire jouir le travailleur, en pleine civilisation, de l’indépendance édénique et des bienfaits du travail, par une éducation simultanée de l’intelligence et des organes, qui, le dotant de la totalité de l’industrie acquise, lui assurerait par là même la plénitude de sa liberté, cette idée est irréprochable assurément comme conception, et d’une portée immense.

Toutes les spécialités du travail humain sont fonctions l’une de l’autre : ce qui fait de la totalité industrielle un système régulier, et de toutes ces industries divergentes,