Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/247

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hétérogènes, sans rapport apparent, de cette multitude innombrable de métiers et de professions, une seule industrie, un seul métier, une même profession, un même état.

Le travail, un et identique dans son plan, est infini dans ses applications, comme la création elle-même.

Rien n’empêche donc que l’apprentissage de l’ouvrier soit dirigé de telle sorte qu’il embrasse la totalité du système industriel, au lieu de n’en saisir qu’un cas parcellaire. C’est toujours le même principe qu’il aurait à suivre, la même manipulation à exécuter.

Les conséquences d’une semblable pédagogie seraient incalculables. Abstraction faite du résultat économique, elle modifierait profondément les âmes et changerait la face de l’humanité. Tout vestige de l’antique déchéance s’effacerait ; le vampirisme transcendantal serait tué, l’esprit prendrait une physionomie nouvelle, la civilisation monterait d’une sphère. Le travail serait divin, il serait la religion.

Mais quel moyen de réaliser un plan aussi vaste ? Comment accorder cette polytechnie de l’apprentissage, dont il s’agit de faire jouir, non plus comme aujourd’hui quelques privilégiés de la jeunesse, mais la masse entière des générations, avec le service des ateliers et des champs ?

Cette objection nous conduit à la seconde partie du problème, l’organisation de l’atelier.

XLI

La difficulté ne vient pas de l’enseignement en lui-même, auquel il est facile de donner partout le caractère de généralité encyclopédique qui seul peut assurer dans l’état civilisé la dignité de l’homme et du citoyen.

Elle ne vient pas non plus des sujets à élever, qu’il sera toujours facile de grouper, selon l’exigence des lieux et