Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/248

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avec d’autant moins de frais pour les familles, que l’étude étant mêlée de travail effectif est susceptible de paye.

La difficulté vient de la division du travail, division qui constitue la plupart des industries et semble pour cela incompatible avec la variété d’opérations demandée ; qui même paraît d’autant plus précieuse qu’en dispensant le travailleur de toute science, elle semblait s’accommoder aux inégalités que la nature a mises entre les hommes.

À quoi servirait, en effet, cette instruction générale, si l’apprenti, devenu compagnon, ayant fait choix d’un état, devait passer le reste de sa vie dans les langueurs d’un travail machinal, d’une sous-division industrielle ? Élevé pour la gloire, il n’aurait trouvé que le martyre…

Remarquons d’abord que l’objection tombe pour l’agriculteur.

L’agriculture, centre et pivot de toute industrie, suppose autant de variété dans la connaissance qu’elle en requiert et peut en requérir dans le travail ; destinée à devenir le premier des arts, elle offre à l’imagination autant d’attraits que l’âme la plus artiste peut en souhaiter.

Ajoutez que, s’exploitant généralement par familles, elle donne la plus haute garantie d’indépendance possible.

Or, la grande majorité des populations appartiennent à l’agriculture. Consultez-les : elles vous diront que ce qu’elles demandent pour être heureuses, c’est, avec l’instruction suffisante, la propriété, le crédit, la balance économique, la liberté communale, la réduction de l’impôt et l’abolition du service militaire.

Les petites industries ne présentent pas plus d’embarras. Elles se cumulent facilement, soit entre elles, soit avec le travail agricole ; loin de se montrer réfractaires au grand enseignement, elles l’appellent, afin que l’ouvrier