Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/273

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de l’économie providentielle et de la nécessité des choses. Et c’est à quoi l’on parviendra, non par des démonstrations scientifiques, que l’intelligence du peuple est et doit rester incapable de suivre, mais par une réalité instante et une pratique de détail qui lui en fassent un article de foi et un invincible préjugé. »

L

Est-ce que je calomnie ou exagère ? Qu’est-ce donc qu’enseigne, depuis des siècles, sur ces questions du travail, de la charité, du paupérisme, de la bienfaisance publique, de la misère, de la taxe des pauvres, de la mendicité, etc., cette économie politique, chrétienne et malthusienne, dont l’Église porte le philanthropique drapeau, et qu’on peut définir une croisade contre le travail et la Justice, au nom de Dieu ?

On la suit, cette croisade, dans les gênes administratives imposées au travailleur, livrets, passe-ports, actes de naissance, certificats, etc. ; dans les rigueurs effroyables déployées contre les coalitions et les grèves ; dans l’embauchage des congrégations ; dans les règlements de plus en plus draconiens des grandes compagnies, où l’ouvrier, numéroté, soumis à l’uniforme, à l’ordonnance, à la consigne, au silence, à la visite corporelle, au serment, n’ayant pas même la disposition de sa barbe, ne laisse rien à envier au soldat, qui du moins a son hôpital, ses Invalides, sa permission de dix heures, et, dans les jours de liesse, le petit verre d’eau-de-vie.

Mes mains sont pleines de détails abominables qui montrent jusqu’à quel point est arrivé, dans certaines compagnies, le mépris de l’homme et du citoyen en la personne de l’ouvrier. Oh ! messieurs les administrateurs, soyez sûrs que rien ne se perd, et que, si votre