Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/275

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parce que la bienfaisance publique ne se peut exercer sans cette police secrète, que je la maudis. Point de respect, point de charité : votre assistance, c’est le pilori.

Et maintenant, ce que fait la police, organe de la société, ce que pratiquent les grandes compagnies industrielles et les établissements de bienfaisance, la science officielle s’est chargée de le justifier par ses maximes.

On a fouillé l’antiquité et le moyen âge ; on a dressé le bilan des sociétés modernes ; on a entassé les chiffres et les faits, et puis l’on s’en vient dire d’un air de triomphe : Voyez, ouvriers, nous avons tout compulsé, tout consulté, tout interrogé ; jamais pareille enquête, depuis que le monde existe, ne fut entreprise et menée à fin. Il n’y a rien de nouveau dans toutes vos utopies ; tous les palliatifs, depuis Salomon, ont été proposés, essayés, remaniés, rejetés. Le mal est sans remède… Voilà ce qu’on nous dit, et parmi tous ces hommes de Dieu, messagers de désespoir, il n’en est pas un qui se pose cette question féconde : Qu’est-ce que le travail en lui-même ? quels sont ses rapports avec l’intelligence ? quelles sont ses conditions animiques et morales ? conséquemment, et en un mot, quel est son Droit ?

Le droit, dis-je, entre l’apprenti et la corporation, représentant pour lui de la société, entre l’ouvrier et le patron, entre le salarié et la compagnie à millions, dizaines de millions et centaines de millions, le droit, quel est-il ? où est-il ? qui l’a défini ?

M. Moreau-Christophe, remarquable entre tous par ses patientes et consciencieuses études sur la misère chez les peuples anciens et modernes ; qui a découvert chez les Romains, les Grecs, les Hébreux, partout, et le droit au travail, et le droit à l’assistance, et le droit à l’oisiveté, ce qui prouve simplement que la question est depuis des siècles à l’ordre du jour ; M. Moreau-Christophe, que je