Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/32

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les choses spirituelles et les corporelles est une pure fiction de la dialectique, le théiste, qui admet l’existence de rapports entre lui et la divinité, tend invinciblement à extériorer ces rapports, à en saisir la trace dans certains faits matériels, symboles, signes ou véhicules de l’action divine, auxquels il attribue par conséquent la même efficacité qu’à une impression immédiate de Dieu.

La foi aux sacrements est donc partie intégrante de la foi à la divinité : ce qui rentre dans la proposition antérieurement démontrée, que toute religion naturelle, pour peu qu’elle ait de racines et qu’elle prenne de développement, deviendra tôt ou tard religion révélée ; toute adoration en esprit se traduira en génuflexion.

Or, le sacrement, qu’est-il autre chose qu’un pur fétichisme ? De la profession de foi du Vicaire savoyard à celle du sauvage il n’y a que la distance du principe à la conséquence : par où l’on voit que le plus raisonnable des deux ne serait pas le philosophe, si ce n’était une loi pour la philosophie de commencer toujours par l’inconséquence.

X

Comme l’eau lave le corps de ses souillures, ainsi, dit le sacramentaire, l’ablution faite suivant le rite sacré, avec la foi, ou seulement l’intention voulue, purifie l’âme de sa tache d’origine. Que nous enseigne la religion par ce mystère ? C’est qu’en principe toute la nature est pénétrée de Dieu ; que les phénomènes qui nous entourent sont des rapports, non-seulement de l’ordre physique, mais aussi de l’ordre divin ; que par conséquent, pour obtenir la grâce par le véhicule des phénomènes, il suffit de nous unir d’intention à la divine Miséricorde, en même temps que nous remplissons, de corps, la condition de la phénoménalité. C’est pour cela que dans le sacrement la matière est plus qu’un signe ou un symbole ; elle acquiert