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XVI

Tout le monde connaît avec le Pater le menu de la dévotion chrétienne : Credo, Confiteor, Benedicite, Gratias, Veni Creator, Veni Sancte, Sub tuum, Angelus, De Profundis, Gloria patri, l’office paroissial, les heures, visites, rosaires, etc. Eh bien ! il n’y a pas une de ces récitations mystiques, dont le fond est commun à tous les cultes, qui ne serve de couverture à quelque pensée morale, que la réflexion a fait entrevoir, mais dont la théologie fait perdre la trace.

Chacun a entendu parler de l’eau bénite, des cierges bénits, rameaux bénits, saintes huiles, saint chrême, médailles, scapulaires, reliquaires, croix et signes de croix, génuflexions, prosternements, élévations de cœur, oraisons jaculatoires. En ce moment l’Église travaille à remettre en vigueur les jours chômés et ouvrables, gras et maigres, mariables et non mariables ; les avents, carêmes, neuvaines, vigiles ou veilles, lendemains et octaves. Quant aux jeûnes, cilices, disciplines, abstinences, vœux à temps ou perpétuels, on ne les connaît plus que dans les maisons de profession. Eh bien ! encore, il n’y a pas une de ces pratiques, d’une dévotion vétilleuse ou cruelle, qui n’ait été à l’origine le symbole de quelque vertueux exercice, imaginé pour tenir l’âme en haleine, et dont le matérialisme clérical a fait avec le temps une superstition absurde.

Que n’a-t-on pas dit pour et contre les indulgences, conception ridicule, de quelque côté qu’on la prenne, quand on l’entend au sens de l’Église ; idée sublime indignement travestie, quand on se place au point de vue de l’âme humaine, conçue comme sujet-objet de toute religion ?

Il est impossible que l’homme se mêle à la vie sociale sans qu’il en reçoive quelque souillure, et perde quelque chose de son innocence et de sa Justice. Faut-il pour